« Avec des prévisions de croissances faibles de 0,6% pour la prochaine année et 1,6% l’année suivante, le gouvernement aurait eu avantage à aider davantage les entreprises québécoises pour stimuler la croissance économique. Cela aurait pu se faire en améliorant l’accès aux incitatifs fiscaux et financiers, en stimulant la productivité au travail et en renforçant l’écosystème entrepreneurial », a affirmé Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
« C’est d’autant plus vrai pour les PME confrontées à une période d’incertitude économique et à un contexte inflationniste. Après tout, les entreprises du Québec occupent un rôle majeur pour générer une croissance durable et développer des projets publics et privés, qui nous permettront de financer notre progrès social. Malheureusement, c’est une occasion manquée aujourd’hui », a poursuivi Jean-Nicolas Marchand, directeur général de la CCIRN.
Pour une quatrième année consécutive, la FCCQ et la CCIRN constatent sans surprise le dépôt d’un budget déficitaire. L’ampleur du déficit cette année se chiffre à 11 G$ après versement au Fonds des générations. Même si le gouvernement avait évoqué cette possibilité il y a quelques semaines, la FCCQ et la CCIRN rappellent l’importance de respecter la Loi sur l’équilibre budgétaire et de présenter, dès l’an prochain, un plan avec des cibles réalistes d’ici 2029-2030. D’ailleurs, le gouvernement s’y est engagé aujourd’hui.
Travailleurs d’expérience : un recul
La FCCQ avait accueilli positivement l’annonce, l’an dernier, de la réduction des cotisations des employeurs au RRQ pour les travailleurs de 65 ans et plus. Il s’agissait d’un nouvel incitatif pour la rétention de travailleurs d’expérience afin de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre. En contrepartie, apprendre aujourd’hui que le gouvernement abolit complètement le crédit d’impôt aux entreprises pour l’embauche de ces travailleurs, ça nous ramène à la case départ.
Signaux positifs pour le maintien des actifs et la francisation
Parmi les bonnes nouvelles de ce budget 2024-2025, le gouvernement présente pour la prochaine décennie un Plan québécois des infrastructures (PQI) contenant 3 G$ supplémentaires, pour se chiffrer désormais à 153 G$ d’ici 2034. Parmi ces nouvelles sommes, la majorité des investissements iront dans le maintien des actifs, en particulier dans les infrastructures routières, dont une forte proportion se trouve en déficit d’entretien.
Un an après la mise en place de Francisation Québec, le gouvernement fait le constat que la clientèle est plus importante que ce qu’il avait prévu et que l’offre de services est insuffisante. L’ajout de 400 M$ sur 5 ans pour faire face à ce déséquilibre, mais aussi pour mieux financer l’intégration des personnes immigrantes, constitue un autre signal positif.
Développement régional
En matière de logements, le gouvernement annonce 100 M$ supplémentaires, aux sommes annoncées à la mise à jour économique de l’automne dernier. Pour la FCCQ et la CCIRN, le grand défi demeure dans la rapidité et l’efficience des processus dans le parcours fastidieux menant à la construction de nouveaux logements, ou à leur conversion, pour un entrepreneur en construction.
Les investissements supplémentaires de 30 M$ par année en sylviculture seront bienvenus pour le milieu forestier. L’enjeu sera toutefois de savoir s’ils seront associés à une cible précise d’augmentation du volume de bois à récolter à terme.
La productivité de l’État, un grand chantier
« Nous sommes perplexes face à la demande faite aux sociétés d’État d’augmenter leurs revenus et de réduire leurs dépenses. Dans ses propres ministères et organismes, le gouvernement peut et doit augmenter la productivité, mais il ne semble pas prêt à le faire. Le nombre de fonctionnaires continue d’augmenter, mais les entreprises, comme les particuliers, n’observent pas de gains dans la qualité des services. Les approbations demeurent lentes à arriver, les projets technologiques gouvernementaux ne sont pas plus réussis. Ce n’est pas en coupant dans les crédits d’impôts aux entreprises que le fonctionnement de l’appareil étatique est optimisé. Nos attentes sont donc élevées concernant la révision annoncée de l’ensemble des dépenses de l’État », a conclu Charles Milliard.